Pourquoi cet engagement de VINCI Immobilier à atteindre le ZAN dès 2030 ?
Olivier de la Roussière : L’artificialisation provoque le déclin de la biodiversité, aggrave le réchauffement climatique et cause ou amplifie les inondations. L’arrêter au plus vite est donc un enjeu crucial. En tant que promoteur, nous pouvons avoir un impact direct dans cette démarche et nos premiers résultats sont significatifs : nous avons déjà divisé par deux notre niveau d’artificialisation depuis 2020 (de 13% en 2020 à 6% en 2022), en renonçant aux opérations les plus consommatrices de sols naturels et en progressant fortement sur la part de recyclage urbain (28 opérations de recyclage urbain lancées en 2022). Nous visons la cible de zéro d’ici 2030. Nous avons fait une partie du chemin, mais nous ne crions pas victoire : la trajectoire pour arriver à zéro ne sera pas linéaire et nous savons que les “derniers mètres” seront les plus difficiles.
Comment applique-t-on le ZAN à l’échelle d’une entreprise ?
Olivier de la Roussière : Le ZAN n’implique pas que nous renoncions à bâtir, mais que nous construisions au maximum sur des zones déjà artificialisées et, le cas échéant, que nous compensions chaque surface artificialisée par la désartificialisation d’une surface équivalente ailleurs, sur une autre opération. En pratique, cela nous amènera à débitumer et débétonner des sols pour les renaturer, sur un nombre toujours plus important de projets. En 2022 par exemple, nous avons lancé 29 opérations avec de la désartificialisation nette, cela représente 40% de nos projets !
L’image d’Épinal des promoteurs va évoluer, en même temps que nos métiers vont se transformer, en intégrant toujours davantage des compétences d’écologues, de paysagistes, etc. Par ailleurs, pour fixer un cap clair pour l’ensemble de l’entreprise, nous avons décidé que les opérations de recyclage urbain représenteraient plus de 50% de notre activité avant 2030. Cet objectif est réaliste, car il existe en France une quantité de terrains ou de bâtiments obsolètes permettant de recycler la ville plutôt que de l’étaler, la notion de friche devant s’entendre au sens large (industrielle, ferroviaire, commerciale, de bureaux, publique, résidentielle, …) en incluant les espaces sous-utilisés.
Comment avez-vous décliné cette nouvelle stratégie en 2022 ?
Olivier de la Roussière : En attendant la mise en place d’une unité de mesure de référence, nous avons commencé par créer nos propres indicateurs en 2021, dont le niveau d’artificialisation qui nous permet de comparer l’artificialisation d’un foncier avant et après une opération immobilière. L’addition de cet indicateur pour tous les projets lancés entre janvier et décembre nous donne le niveau d’artificialisation produit par l’entreprise sur une année. Notre ambition est donc d’atteindre un niveau d’artificialisation de 0 en 2030. Ensuite, nous nous sommes fixés une ligne rouge depuis le 1er janvier 2022 : les opérations qui artificialisent plus d’1m2 pour 1m2 construit ne sont plus acceptées en comité foncier.
Y a-t-il eu des exceptions à cette règle ?
Olivier de la Roussière : Les collaborateurs de VINCI Immobilier ont respecté la règle en s’appuyant sur la calculatrice ZAN que nous avons développée en interne. Une opération qui prévoyait la réalisation de logements à la place d’un champ d’oliviers dans le sud de la France a par exemple spontanément été écartée par un de nos développeurs l’an dernier. En parallèle, de nouvelles opérations proches de la limite fixée ont été retravaillées ou bien sont en cours de modification pour la respecter, à l’image d’un projet de maisons individuelles dans la banlieue de Toulouse.